Description de la situation
Laurianne a accompagné une jeune fille de quatrième secondaire qui réussissait bien. Alors qu’elle avait obtenu une bonne note dans l’un de ses cours obligatoires, elle avait prétendu qu’elle ne la méritait pas. Elle se disait lasse qu’on lui répète qu’elle a du potentiel. Laurianne l’a rencontrée à trois reprises depuis sa quatrième secondaire. Aujourd’hui, la jeune fille est en cinquième secondaire et a fait part à Laurianne de sa décision d’interrompre ses études et du fait qu’elle en était soulagée.
L’enseignante-ressource de cette élève l’a dirigée vers Laurianne lorsqu’elle était en quatrième secondaire. L'équipe école suit les élèves qui ont des difficultés et c’est dans ce contexte que le cas de cette jeune fille lui a été soumis. Au cours de leur première rencontre, Laurianne tente de dresser avec elle son portrait scolaire, de déterminer ses champs d’intérêt, ses loisirs, etc., suivant le canevas qu’elle emprunte d’habitude et qui fonctionne généralement bien. Pour ce faire, elle lui fait passer le test GROP (Guide de recherche d’une orientation professionnelle). La jeune fille ne s’étant pas présentée à la deuxième rencontre, Laurianne va la chercher dans sa classe. Elle est amorphe et apathique; elle se montre peu intéressée par les résultats de son test, que Laurianne tente de lui expliquer. Sa situation scolaire se dégrade par la suite. Ses proches, dont ses parents, s’inquiètent pour elle. En fait, « beaucoup de monde s’inquiète pour elle, sauf la jeune fille elle-même », affirme Laurianne. Un bilan de santé de la jeune fille fait état d’un diagnostic de dépression; elle prend donc des médicaments pour cette raison. Le comité de santé mentale de l’école recommande qu’elle interrompe ses études pour les reprendre l’an prochain.
Cette élève est maintenant en cinquième secondaire. Son diagnostic, qui se situe entre « amotivation » et « dépression », reste à préciser. En septembre, elle était décidée à repartir à neuf. Toutefois, après avoir reçu son premier bulletin, elle voulait quitter l’école. C’est alors que Laurianne l’a rencontrée pour la troisième fois, en compagnie de ses parents, de la direction et de deux enseignantes. Pendant que l’élève annonçait ainsi à tout le monde sa décision de quitter l’école, paradoxalement, le rôle de Laurianne était de l’informer des moyens d’obtenir son DES. Elle se sent insatisfaite de la tournure de cette dernière rencontre.
Laurianne aurait souhaité faire plus pour elle, l’aider à raccrocher et à trouver une motivation à l’école. Pour pallier ce qu’elle décrit comme étant sa difficulté à intervenir auprès des élèves non motivés, elle se documente. Elle a beaucoup lu sur le processus de motivation ainsi que sur le sentiment d’efficacité personnelle. Elle tente de dénicher divers outils sur Internet. Elle connait bien ce qui s’écrit sur le sujet. Pourtant, le regard et le jugement des membres du personnel enseignant qui lui envoient des cas d’élèves démotivés pèsent lourd sur elle.
Pistes d'action
- Plutôt que de tenter de motiver l'élève à l'aide d'un « projet externe », l'inciter à aller au bout de sa pensée en lui posant des questions (ex. Que ferais-tu si tu quittais l’école?).
- Communiquer clairement aux membres de l'équipe école la portée et les limites de l'intervention en orientation.