Description de la situation
Noémie a de la difficulté à intervenir auprès des étudiantes et des étudiants admis à la session d’accueil et d’intégration (SAI), particulièrement ceux qui suivent le volet « Orientation ». À la SAI, seulement les cours de formation générale et complémentaire (philosophie, français, éducation physique, cours complémentaire) sont offerts. Selon Noémie, la SAI est « le meilleur programme pour démotiver un jeune » et donne lieu à beaucoup d'absentéisme. Les étudiants qui la suivent désirent aller au collégial, mais ils sont dans un flou quant à leur projet d’études ou de carrière. Souvent, la SAI a été leur premier choix au collégial, car ils n’ont pas été en mesure de formuler une demande d’admission à un programme préuniversitaire ou technique. Au cours d’une entrevue individuelle avec eux, Noémie recueille souvent des « Je ne sais pas » à ses questions. Elle note également que ce sont davantage des filles qui viennent la consulter, ce qui reflète leur représentation dans la population de son cégep. Selon les informations qu’elle a recueillies, le milieu familial de ces jeunes est varié. Noémie considère aussi qu’ils sont peu engagés dans des activités extrascolaires : « Ces jeunes ne font pas grand-chose. »
À la session d’automne, un cours lié au processus d’orientation est offert à la SAI. Un conseiller d’orientation rencontre les étudiants au moins à une reprise durant la session, ce qui facilite le travail de Noémie. Toutefois, à la session d’hiver, ce cours n’est pas offert. À l’hiver, la cohorte de la SAI regroupe davantage d’étudiants qui ont connu l’échec au secondaire, qui ont fréquenté l’éducation des adultes, qui ont un faible dossier scolaire ou qui manquent de motivation. À son collège, la SAI ne repose sur aucune organisation pédagogique, par exemple un programme auquel sont associés une équipe d’enseignants ou un département.
Dans ses interventions auprès des jeunes de la SAI, pour aller au-delà de leurs réponses monosyllabiques, Noémie formule des questions qui forcent le positionnement. Elle administre divers tests dont le test de Jackson et le guide pour s’orienter et elle les accompagne dans la collecte d’information scolaire et professionnelle, par exemple sur le site Repères. À l’aide de leur dossier, elle vérifie leur état de santé et leur parcours scolaire antérieur. Son approche est très concrète, utilisant l’écriture, les devoirs à faire entre deux rencontres, etc. Elle a la possibilité de les suivre durant quatre ou cinq rencontres. Au final, Noémie considère « qu’elle pédale trois fois plus qu’eux » en entrevue individuelle. Elle en ressort elle-même dans un flou, découragée et avec un sentiment d’incompétence. Noémie se demande comment elle peut voir les choses autrement, être plus encouragée.
Pistes d'action
- En tant que professionnelle de l'orientation, réduire ses attentes et recadrer le processus d'orientation d'une manière plus large en considérant l'aide apportée.
- Mettre en valeur la motivation des étudiants à poursuivre des études et à aller au collégial.
- Utiliser une saine confrontation pour contrer les réponses monosyllabiques des étudiants, les questionner sur ce qu'ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas d'eux-mêmes, sur leurs buts.
- Demander aux étudiants de cibler eux-mêmes des sujets qu'ils aimeraient discuter lors des rencontres.